Contrôleur de gestion : découvre son nouveau visage
Le visage du contrôleur de gestion change et la partie communication devient de plus en plus importante, les outils numériques permettant aujourd’hui de produire des tableaux de bords fiables de manière rapide.
Les premiers contrôleurs de gestion font leur apparition à la fin du XIXème sur la partie production. Après la première guerre, la fonction se développe aux Etats Unis avec chez General Motors des premières études sur les charges de structures avec les premiers budgets et la planification. Le cahier des charges était utilisé au sens propre du terme.
Les compétences demandées étaient alors de la rigueur mathématique, des connaissances en comptabilité fortes et le fait d’écrire lisiblement.
Au fur et à mesure que la technologie avançait la demande d’analyses creusées se développait. Puis la révolution débuta :
- Fin des années 60- Début 70 : Création et développement des bases de données
- 1972 : SAP, le premier ERP
- 1982 : Microsoft sort Multiplan
- 1985 : Une première version d’Excel apparait
Les compétences sur la maitrise des outils informatiques sont de plus en plus demandées.
Historiquement, nous étions dans une ère industrielle où nous parlions production, productivité, coûts directs, indirects, marges…. Puis arriva l’ère du tertiaire au début des années 80. La culture du reporting apparut.
Je suis contrôleur de gestion depuis plus de vingt ans et il me semble voir le visage du poste changer.
En effet, fin 90, le contrôleur de gestion semblait être un ancien comptable, « champion d’EXCEL » qui savait faire le tableau que la direction voulait. Il transmettait les reportings avec des analyses utilisées ou pas après un travail important de traitement de données.
Puis le métier s’est découpé avec la partie opérationnelle, la partie corporate.
Les SAP, SAGE et autres développèrent leurs solutions de reporting.
Les reportings, une fois paramétrés, ne nécessitaient plus autant de temps qu’auparavant, les analyses aussi étaient plus rapides.
Du coup, au niveau des opérationnels, une qualité nécessaire mais peu requise jusqu’à présent fût nécessaire : « la Communication ».
Et c’est là que pour moi, le nouveau visage du contrôleur de gestion apparait. Et le fait que certains grands groupes coupent encore en deux en deux les services avec une partie traitement des données et l’autre opérationnelle, ce qui vient confirmer mon idée.
Il devra être :
- Un technicien informatique sachant traiter de la donnée
- Un communicant en chiffres sachant traduire les chiffres en réalité opérationnelle
Quelles compétences alors pour les nouveaux contrôleurs de gestion et quels profils faudra-t-il avoir ?
Pour ma part, je vois les choses ainsi. La séparation semble inéluctable dans les grandes entreprises.
Quoi qu’il arrive, la matière première de la mission est la comptabilité. Les notions approfondies seront toujours nécessaires. En effet, sans avoir les bases pour faire du fast-closing, la tâche serait trop ardue.
Les connaissances opérationnelles de l’activité de l’entreprise seront plus que nécessaires, puisqu’il faudra savoir faire un rapport entre les P&L et le terrain. De ce côté-là, l’intégration dans les entreprises devra, je pense, passer automatiquement, par une période de formation sur le métier.
De plus une appétence à la communication, sera aussi nécessaire. Comment s’adapter à son interlocuteur mais aussi accompagner le changement et parler en public, semblent des qualités nécessaires pour ce pan du contrôle de gestion.
Lors d’une conférence sur le contrôle de gestion en 2005, un directeur financier de chez Auchan prévoyait déjà ce changement de rôle et envisageait de mettre en place une passerelle opérationnelle-contrôle de gestion.
En 2015, un directeur régional dans un groupe de restauration est passé directeur du contrôle de gestion.
Ma vision s’appuie sur ces exemples.
Sur la mission de support, la partie système d’informations, selon la voie souhaitée par les candidats, devra aussi être plus développée afin de permettre de traiter les données souhaitées mais aussi de savoir choisir l’outil adéquat aux attentes de l’entreprise. La partie finance/comptabilité ne sera plus forcément un prérequis.
Lors d’une de mes expériences, la personne en charge du traitement des données avait été rattachée à la direction des systèmes d’informations.
Finalement, cette séparation des tâches ne va-t-elle pas entrainer la fin du contrôle de gestion tel que nous le connaissons ? A la remise des trophées du réseau entreprendre, Philippe Dessertine eût cette phrase que je garde en mémoire : « Demain nous ferons la même chose mais différemment ».
Dirigeant de Efficience Expert Gestion, membre d’Essentiel Gestion.